Les origines de l’ICV
ICV signifie Intégration du cycle de la vie, en anglais Lifespan Integration. Derrière ce nom un peu étrange se cache une technique psychothérapeutique issue d’une autre, plus connue, qu’est l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprogramming). L’EMDR est beaucoup utilisée (mais pas uniquement) pour traiter les traumatismes, les souvenirs douloureux dont on n’arrive pas à s’affranchir. Par exemple, quelqu’un qui aurait vécu une agression il y a dix ans et qui aurait encore du mal à sortir dans la rue par peur que cela se renouvelle.
Selon la légende, l’ICV serait née au début des années 2000. Après un protocole d’EMDR, la thérapeute Peggy Pace se rend compte que sa cliente est toujours mal, activée par de douloureux souvenirs. C’est la fin de la séance et elle ne parvient pas à revenir dans le moment présent. Que faire ? P. Pace a alors l’idée de partir de ce souvenir et d’évoquer, rapidement, d’autres moments qui ont eu lieu après. Face au soulagement de sa cliente, l’ICV était née.
Concrètement, il se passe quoi dans une séance d’ICV ?
Le principe de base de cette technique, c’est de faire défiler rapidement les souvenirs. Les patient.e.s notent la liste de moments de vie, depuis leur naissance. Alors, bien sûr, on ne note pas TOUT ce dont on se souvient, sinon on rédigerait nos mémoires : de un à trois souvenirs par an suffisent. Ensuite, le.la thérapeute va lire cette liste de souvenirs, plusieurs fois dans une même séance, à une cadence assez rapide.
Pourquoi ça marcherait ?
Un souvenir traumatique est comme une plaie ouverte dans notre réseau de neurones. Si on n’oublie jamais complètement, cela devrait laisser, avec le temps, une “simple” cicatrice. Un traumatisme, c’est comme si notre cerveau n’avait pas compris que le temps a passé, que nous ne sommes plus face à l’extrême difficulté qui nous mobilise encore aujourd’hui. Avec l’ICV, on fait comprendre à notre psychisme que l’événement difficile fait partie du passé.
Pour qui ?
Si l’ICV a d’abord été pensée pour les personnes traumatisées, elle s’est développée dans le traitement de nombreux symptômes. En outre, ce serait l’unique technique qui permettrait de travailler les troubles de l’attachement. Ces troubles étant nés dans la prime enfance, à travers des difficultés relationnelles avec les parents, il était compliqué pour les thérapeutes de proposer des protocoles adaptés. L’ICV retourne à la naissance et tente de réparer les manques affectifs précoces.
Pourquoi ça me plaît ?
Bien que l’ICV ne soit pas encore validée scientifiquement (peu d’études ont été publiées, d’autres sont en cours), c’est une alternative intéressante aux psychothérapies actuelles. Elle me séduit particulièrement dans sa modalité relationnelle : si elle n’empêche pas des échanges conversationnels lors de certaines séances, son mécanisme implique que ce soit le.la thérapeute qui parle le plus puisqu’il.elle lit la liste des souvenirs des patient.e.s. On s’éloigne complètement de l’image du.de la psychanalyste mutique ! Je trouve ainsi que, pour les patient.e.s les moins loquaces et/ou les plus pudiques, c’est un type d’intervention idéal. Et c’est la preuve qu’on n’a pas besoin de tout dire à son.sa thérapeute, car rien n’oblige à détailler les souvenirs.
Pour en savoir plus
Consultez le site de l’Association française de l’Intégration du cycle de la vie.